Chers Membres, Chers Collègues, Chers Amis,
Le 20 octobre dernier, le Conseil de notre Société m’a fait l’honneur et l’amitié de m’élire à sa présidence. J’y ai peu de mérite : j’étais seul candidat ! Je ferai de mon mieux pour m’acquitter de cette responsabilité et répondre aux attentes de tous.
Au moment de mon élection, mes premières pensées ont été pour mes très illustres prédécesseurs. Et d’abord pour Madame Bastid qui a fondé la SFDI et à laquelle je dois à la fois ma vocation d’internationaliste et une direction de thèse attentive et bourrue. Et à René-Jean Dupuy, au cher Hubert Thierry, à Jean-Pierre Quéneudec dont j’ai toujours admiré l’aisance de « major d’agrégation », prompt à improviser de magnifiques discours en deux parties et quatre sous-parties, et à Jean-Pierre Cot, bien sûr, qui laisse une Société en parfait état de marche et qui est, à mes yeux, indissociable du « binôme » qu’il formait avec Mathias Forteau, discret et efficacissime Secrétaire général. Sur ma proposition, le Conseil a nommé Jean-Pierre Cot Président d’honneur – nous lui devions bien cela et j’espère qu’il continuera à être très présent au sein du Conseil et à nous faire bénéficier de son expérience.
Je n’ai pas les talents de mes devanciers et je présiderai sans doute différemment. Je souhaite, en particulier, m’appuyer davantage sur le Conseil et, tout spécialement sur son bureau qui a été (re)constitué ainsi – « changement dans la continuité » – comme le nouveau Secrétaire général l’a annoncé dans un courriel adressé à tous les membres de la Société :
- Premier Vice-Président : Gilbert Guillaume (ancien Président de la C.I.J., membre de l’Institut) ;
- Seconde Vice-Présidente : Geneviève Bastid-Burdeau (Paris I) ;
- Secrétaire général : Sébastien Touzé (Strasbourg) ;
- Secrétaire générale adjointe : Anne-Thida Norodom (Rouen) ;
- Trésorier : Théodore Christakis (Grenoble) ;
- Trésorier adjoint : Philippe Lagrange (Rouen).
Avant même leur élection à l’unanimité des membres présents au Conseil, pour laquelle j’avais sollicité leur candidature – pas pour « verrouiller » les choses, mais pour constituer une équipe équilibrée et unie, je les avais consultés pour élaborer une sorte de « programme collégial » (même s’il n’engage que moi) que j’ai présenté au Conseil avant que l’on procède aux votes. Il s’articule essentiellement autour de cinq axes :
- diversification et/ou redéfinition partielle des objectifs – et donc des activités – de la Société ;
- usage plus intensif de l’Internet ;
- place élargie aux privatistes et aux professionnels du droit, ainsi qu’aux jeunes chercheurs ;
- intensification des « relations extérieures » de la Société ;
- « gouvernance » aussi collégiale que possible.
Avant de dire quelques mots sur chacun de ces points, je tiens à préciser d’une part, que je n’entends pas « faire la révolution » : la Société rend de grands services et il ne s’agit pas de casser ce qui marche, simplement d’essayer de la rendre plus performante, utile et attractive ; et, d’autre part, que j’ai conscience que nos ambitions sont, malgré tout, grandes, mais nos moyens limités ; il faut, je crois, avancer progressivement ; améliorer les choses en douceur ; et ne pas hésiter à abandonner des pistes qui se révèleraient sans intérêt.
1. Diversification de nos objectifs et activités
La Société est, sans aucun doute une remarquable machine à colloques – et je le dis sans ironie : les actes du colloque annuel et de la non moins annuelle journée d’étude, sont globalement d’une qualité rare. Mais, aux termes de l’article 1er de ses statuts, le but de la SFDI « est de favoriser l’étude et le progrès du Droit international » et ces rencontres et publications, non plus que les prix de thèses (qui restent trop souvent non publiées), ne sauraient suffire à les atteindre. Je pense qu’il faudrait réfléchir aux moyens qui nous permettraient de jouer le rôle d’un « groupe de pression » pour assurer non seulement l’enseignement, l’étude et la diffusion du droit international, mais aussi son « progrès » et – c’est l’article 2 des mêmes statuts qui le dit – travailler « à provoquer une meilleure connaissance, un plus grand respect et un développement plus rapide du Droit international… ».
Parmi d’autres pistes, nous essaierons de dresser un tableau aussi complet que possible des enseignements offerts en France et dans les autres pays francophones en droit international et de contribuer à renforcer la présence du droit international dans les cursus universitaires. Nous envisageons aussi d’inclure sur le site web au moins une page consacrée aux débouchés offerts par nos disciplines.
Mais il y a surement quantité d’autres choses à faire, et je me propose de lancer une grande enquête – grande mais empirique – auprès des membres (y inclus junior) et les internationalistes francophones non membres, pour recueillir leurs attentes à l’égard de la Société. J’espère la lancer – par voie électronique – au mois de mars.
2. Usage plus intensif d’Internet
L’amélioration du site de la Société et, plus généralement, une utilisation plus intensive et systématique des possibilités offertes par l’Internet nous semble la grande priorité immédiate.
Nous y avons déjà pas mal réfléchi collectivement et j’espère et pense que, dans les toute prochaines semaines, de premières améliorations seront apportées au site de la Société, un peu laissé en jachère ces derniers temps. Elles devraient se traduire dans l’immédiat notamment par le réagencement des pages et onglets pour les rendre plus lisibles et commodes à utiliser ; la création d’une page d’annonces des colloques, soutenances de thèses, conférences, ouverte à tous les centres de recherche en droit international. À plus long terme, nous envisageons – ici encore parmi d’autres projets – de donner la liste des centres de recherche et, le cas échéant des écoles doctorales concernées par le droit international (avec les liens correspondants) et d’inviter les membres de la SFDI à nous informer de leurs publications, dont le site fera état (et même de procéder à la mise en ligne éventuelle d’une version électronique des articles sous réserve du respect des droits d’auteurs). On peut aussi penser à la mise en ligne (conditionnelle) de mémoires de master 2, voire de thèses. Il nous paraît également nécessaire de prévoir une version anglaise de certaines rubriques du site (page d’accueil, page Actualités).
Last but not least, il existe à l’évidence une demande pour une page Facebook de la Société. J’y suis très favorable – à condition de ne pas avoir à l’alimenter moi-même !
3. Diversification de la participation
Je dois avouer ma préoccupation face à l’apparente désaffection des jeunes collègues vis-à-vis de la SFDI. J’espère vivement que l’enquête empirique dont j’ai parlé plus haut permettra d’en comprendre les motifs, d’en tirer les conséquences et de raviver leur intérêt.
Mais je pense qu’il faut aller plus loin. La Société est, pour l’instant, largement une association de professeurs de droit international public. Comme l’indique son nom même, la Société française pour le droit international – tout court – n’a aucune raison de se limiter aux publicistes. Je suis convaincu que les privatistes y ont toute leur place ; et si je salue l’entrée de deux d’entre eux au Conseil à la suite de l’Assemblée générale de Nancy de l’an dernier, je n’y vois qu’un bon mais insuffisant début.
De même, je ne crois pas qu’il faille « snober » les praticiens du droit international auxquels j’espère vivement que nous saurons nous ouvrir davantage et, ici encore, « l’enquête empirique » pourrait nous permettre d’adapter la société à leurs attentes.
Enfin, je crois qu’il est important de réfléchir aussi à une meilleure insertion des membres étudiants. Je suis particulièrement attaché au dynamisme de la section « Jeunes chercheurs » dont j’ai rencontré les deux représentants. Ils ont fait un nombre important de propositions qui me paraissent très constructives et dont l’une se traduit d’ores et déjà dans les faits, puisqu’ils organisent au mois d’avril, deux pré-ateliers (respectivement à Montpellier et Nanterre) dont ils présenteront les résultats lors du colloque de Rouen le 31 mai prochain.
4. Intensification des « relations extérieures » de la Société
L’ouverture à l’anglais est l’une des conditions sine qua non de l’intensification des relations extérieures de la Société.
Je suis convaincu de longue date que c’est rendre un mauvais service à la pensée scientifique – y compris juridique – française, que de ne la concevoir que « francophone ». Sans qu’il soit question de nous transformer en French Society for International Law, il me semble indispensable de cesser la politique de l’autruche et d’admettre que l’anglais est le vecteur de la diffusion internationale de nos travaux. Nous devons en prendre acte ; admettre sans réticences passéistes que les intervenants aux colloques et journées d’étude s’expriment dans la langue de McNair si besoin est et que leurs interventions soient publiées dans cette langue. Plus même : il me semble qu’il est de notre devoir de faciliter non pas l’inutile traduction en français de travaux juridiques en anglais mais, au contraire, la publication en anglais d’études initialement rédigées en français.
Je suis un fervent partisan du « couple franco-allemand » et celui que nous formons avec la Deutsche Gesellschaft für Internationales Recht me paraît devoir être soigneusement préservé. Mais cela n’exclut en aucune manière que nous diversifions nos relations et essayons d’imaginer d’autres formes de coopération avec d’autres sociétés savantes tournées vers le droit international.
Sans avoir encore les idées très claires sur la manière de procéder, j’ai l’intention de proposer une rencontre pour en discuter aux représentants de ces « sociétés sœurs » – nationales ou régionales – ainsi qu’à d’autres sociétés françaises s’intéressant, d’une manière ou d’une autre au droit international, en marge du colloque de la SFDI de 2015.
5. La « gouvernance » de la Société
Dans les lignes qui précèdent, j’ai utilisé tantôt « je », tantôt « nous » ; ce dernier ne sont pas « de majesté » : je l’ai employé lorsque j’étais assuré de l’accord des membres du bureau ou, selon le cas, des représentants des jeunes chercheurs, ou de celui des collègues qui se sont d’ores et déjà portés volontaires pour s’occuper de tel ou tel aspect de notre action (notamment l’Internet). Avec « je », j’ai exprimé des opinions plus personnelles. Il reste que je souhaite à l’avenir travailler en coopération constante avec les membres du bureau – que j’ai déjà assaillis de nombreux courriels…) et, de manière aussi étroite que possible avec toutes les bonnes volontés – au sein du Conseil bien sûr, mais aussi en dehors. Si certaines se manifestent dès aujourd’hui sur un (ou plusieurs des) points évoqués ci-dessus, ou sur d’autres, oubliés, elles seront très bienvenues. Nous avons ouvert une adresse électronique où il est plus commode de rassembler tous les courriels adressés à la Société – qu’il s’agisse des autres membres du bureau ou de moi : secretairegeneral@https://stage.https://sfdi.org/wp-content/uploads/2014/10/Galerie4-1.jpg2000.autones-avocat.com/wp-content/uploads/2016/11/colloque2016-1.png.org ; n’hésitez pas à en user.
Ce « mot » est bien long. C’est le premier. Je m’engage à garder aux suivants, qui seront centrés sur des thèmes moins divers, une dimension plus raisonnable !
Vous souhaitant à tous une très belle et heureuse année 2013 – on dit que les vœux sont « valables » jusqu’à la fin du mois de janvier, je vous remercie cordialement pour votre intérêt pour notre Société.
Le 30 janvier 2013,
Alain PELLET